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Une histoire d’amour et de ténèbres

Je devrais me borner à dire qu’il faut séance tenante lire Une histoire d’amour et de ténèbres, car tout commentaire est inutile devant l’évidence éclatante du chef-d’œuvre. Je me permettrai donc seulement, en toute modestie, de proposer une sorte de « mode d’emploi », mais que personne n’est obligé de suivre.

            Supposons donc que l’on commence par le chapitre 5, où Amos Oz nous dit, en substance, qui est le mauvais lecteur, celui qui estime que tout écrit est autobiographique. Au contraire, la vérité est produite par une observation enrichie, transposée, sublimée par les éclairs de l’imaginaire. C’est pourquoi le témoignage de l’auteur, les très nombreux personnages qui l’entourent ou dont il relate le passé acquièrent une dimension d’authenticité littéraire d’une intensité humaine prodigieuse.

            Nous pouvons maintenant aborder les premiers chapitres et tenter d’évaluer la situation où se trouvaient les Juifs qui peuplaient les territoires sous mandat britannique dans les années allant de 1940 à 1948. Trois communautés, en gros  : à Jérusalem, ville pauvre, vivaient des ashkénases, originaires d’Ukraine, de Lituanie, de Pologne, qui avaient échappé au nazisme. Tel-Aviv est la cité moderne, capitale politique, attirante mais dangereuse parce que, plus riche et européanisée, elle risque de perdre la fidélité au sionisme pur et dur. Enfin, en Galilée, réside une jeunesse nouvelle, celle des kibboutz, sans préjugés ni tabous, qui travaille la terre, s’oppose aux intrusions des Arabes (on ne parle jamais de Palestiniens), est tentée par le socialisme, et même une forme de communisme, veut construire une génération athlétique et sportive, en rupture complète avec le mode de vie de la diaspora depuis cinq siècles. Les rescapés de la Shoah sont souvent considérés comme des geignards demeurés fixés sur leurs malheurs.

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