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  • lecture du roman : Le monde à l’endroit, de Ron Rash

    On retrouve cette année Ron Rash au Seuil pour un roman qu’il a écrit deux ans avant Serena, mon grand coup de cœur de l’année 2011.

    Nous sommes toujours en Caroline du Nord, au pied des Appalaches dont la ligne bleue domine le vaste horizon. Les habitants sont rudes, à l’image de ce territoire. Ils vivent de l’agriculture, de la pêche et se réconfortent dans les fêtes de village au son des folk songs ou de la country qui semblent avoir, au moins le temps d’une soirée, le pouvoir d’adoucir les mœurs.

    Travis est un jeune homme intelligent mais en totale rupture avec son père qui le dévalorise continuellement. Suite à une cuisante leçon qu’il se voit infliger par deux propriétaires terriens mal dégrossis alors qu’il vole leurs pieds de cannabis clandestins, Travis s’installe chez Leonard, un professeur déchu reconverti depuis son mobile home dans les trafics en tout genre. Ils cohabitent tous les deux avec Dena, une jeune femme faible et vulnérable, toxicomane et victime plus souvent qu’à son tour.

    Leonard, sous des aspects de brute épaisse qu’il entretient afin de continuer son commerce licencieux en toute sérénité, est un intellectuel, un homme cultivé et sensible qu’un incident de parcours dévastateur a bouté hors du droit chemin. Il remarque le potentiel de Travis et l’incite à poursuivre ses études. Ils s’entendent d’autant mieux qu’ils partagent tous les deux le même intérêt pour les cruelles histoires familiales et locales du temps de la Guerre de Sécession. Travis voit en Léonard le père qu’il aurait aimé avoir. Tout semble s’arranger pour lui.

    Le monde à l’endroit est avant tout une histoire de bons ou de mauvais choix plutôt qu’une histoire de bien et de mal, d’hommes bons et d’hommes mauvais. Les leçons de la vie s’apprennent au prix fort et même si la connaissance et le savoir sont des valeurs porteuses d’espoir, elles ne garantissent en aucun cas à elles seules une porte de sortie honorable. La, ou plutôt les, figures du père, sont malmenées. L’autorité abusive fait des dégâts irréversibles quant l’autorité naturelle peine à s’imposer. Mais la force non plus n’est pas synonyme de victoire…

    Ce roman n’est pas aussi abouti que Serena à mon sens, je pense notamment à l’imbrication de la Guerre de Sécession dans le récit qui ne m’a pas convaincue. Il porte pourtant en lui la puissance narrative de Ron Rash, ses paysages sublimes et ses personnages intenses, sa vision de l’homme tout en nuances mais sans concession. Et c’est déjà beaucoup…

    Note : 14/20