les lettres de William Burroughs
La parution prochaine du nouveau William Gibson et la sortie ce mois, chez Christian Bourgois, du volume des Lettres de William Burroughs, était l'occasion de rapprocher ces deux auteurs, Gibson étant un grand admirateur de Burroughs.
Voici en l'instance, ces quelques phrases grossièrement (et modestement) traduites de l'inventeur du cyberpunk sur sa découverte de l'écrivain beat renégat : Burroughs était alors le plus radical des hommes littéraires que le monde avait à offrir, et à mon avis, il mérite toujours ce titre. Rien, dans toute mon expérience de la littérature n'a jamais été aussi remarquable pour moi, et rien n'a jamais eu autant d'effet sur mon sens des possibilités offertes par l'écriture. Plus tard, essayant de comprendre l'impact que cet auteur a eu sur moi, j'ai découvert que Burroughs avait incorporé des extraits des textes d'autres auteurs à son travail, une action que mes professeurs de primaires auraient appelée du plagiat. Certains de ces emprunts avaient été empruntés à la science-fiction américaine des années 40 et 50, un second choc identificatoire pour moi. Depuis, j'ai su bien sûr, que cette méthode du "cut up" comme l'appelait Burroughs, étais le point central de tout ce qu'il faisait, et qu'il a toujours fait. Burroughs comparait cette méthode littéraire à de la magie. Quand il a écrit au sujet de ce processus, les poils se son dressé sur ma nuque, si palpable étaient l'excitation que j'éprouvais. Les expériences avec les bandes magnétiques pour enregistrements sonores l'ont inspiré dans une veine semblable. En inventant le sampling, Burroughs interrogeait l'univers avec des ciseaux et de la colle, et la moindre tentative d'imitation d'un auteur n'était plus du plagiat du tout...
Vous pourrez trouver l'article original de William Gibson sur le site du magazine Wired. Nous reparlerons prochainement plus précisément de la correspondance de Burroughs et de l'ouvrage qui lui est dédié.