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Le Canapé rouge de Michèle Lesbre

canape.JPGDans une interview que Michèle Lesbre donnait il y a deux ans, elle évoquait déjà la place prédominante que les lieux tenaient dans ses romans : “Partir, disait-elle, c’est partir à sa propre quête.” Dans ‘La Petite Trotteuse’, son précédent roman, les bords de la Loire aidaient l’auteur à retrouver son père absent. Dans ce nouvel ouvrage, Michèle Lesbre ose un dépaysement total et entraîne son lecteur dans un va-et-vient entre deux mondes : la campagne russe parcourue par le Transsibérien, et le Paris des années 1940 conté par une vieille dame espiègle.


Toujours furtives, toujours entre deux départs, sur un quai de gare, les rencontres de la narratrice ont le charme de l’instant présent. D’où le style incisif et nerveux du roman : à coups de petites phrases jamais inutiles, Michèle Lesbre décrit merveilleusement les charmes cachés des campagnes russes, les chants d’un accordéoniste dans un café enfumé, les jeux de gamins sales et espiègles.


Et puis il y a la quête : voyageuse pas comme les autres, l’héroïne cherche dans chaque visage, dans chaque paysage, dans chaque rencontre, des traces de l’homme qui ne l’aime plus. Cette recherche, d’abord désespérée puis de plus en plus sereine, donne un relief particulier à toutes ses descriptions : au gré des différents indices que Gyl a laissé sur sa route, Anne se détache de cet amour passé et apprend à admirer la Russie avec son propre regard. Et le lecteur sent que cette parenthèse de vie lui était indispensable, qu’elle sera la base d’une nouvelle vie, et que son passé finalement accepté sera moins un obstacle qu’un tremplin pour un futur plein de promesses.

Le Canapé rouge de Michèle Lesbre,

Folio 2009

 

 

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