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blog littéraire

  • Retour sur le livre : L’homme terminal, de Michael Crichton

    Harry Benson est un cas médical plutôt particulier. Il est interné régulièrement au service de neuropsychologie de l’hôpital universitaire de Los Angeles suite à des crises d’épilepsie psychomotrice qui le rendent extrêmement violent. De plus il ne garde aucun souvenir de ses crises. Les docteurs MacPherson, Ellis et Morris prévoient de remédier aux troubles de Benson en lui implantant de minuscules électrodes dans le cerveau qui lors de ces crises aiguës lui impulseront des décharges électriques censées aider Benson à les surmonter. Cependant selon le docteur Janet Ross ce projet peut s’avérer dangereux, et cela surtout lié au fait que Harry Benson ne serait peut-être pas le cobaye idéal pour ce genre d’opération. En effet Benson souffre d’une psychose envers les machines et les ordinateurs que cette opération et l’implantation de ces électrodes, ainsi que de l’ordinateur qui les dirige, pourraient amplifier. Et en effet contrairement au résultat escompté, Harry Benson se transforme petit à petit en véritable monstre que plus personne n’arrive à contrôler.

    L’homme terminal, paru en 1972, est l’un des premiers romans et best-sellers, un techno-thriller, voire un thriller médical, de l’écrivain américain à succès Michael Crichton. Comme bien souvent chez Michael Crichton, l’intrigue consiste à présenter un progrès scientifique impressionnant sur lequel l’être humain va perdre tout contrôle au risque d’y perdre la vie. Ici, Michael Crichton imagine un petit ordinateur qui pourrait être implanté au niveau du cerveau afin d’en améliorer le fonctionnement. L’idée très classique du cyborg ou homme amélioré est ici directement tirée de l’invention à l’époque encore récente du pacemaker cardiaque et à Crichton de simplement la transposer d’un organe à l’autre. Crichton lui-même étudiant en médecine à l’époque se donne à cœur joie de nous donner de multiples détails techniques, des schémas ainsi que des images tirés aux rayons X d’un cerveau humain pour mieux étoffer le contexte scientifique. Mais hélas le tout reste bien douteux, plutôt confus et a bien mal vieilli à travers les ans, ce qui rend les avancées scientifiques décrites ainsi que leurs conséquences assez risibles.
    Et comme toujours chez Crichton, après la mise en place d’un contexte scientifique ou historique plutôt intéressant le roman se transforme vite fait en un thriller aux rebondissements prévisibles, aux personnages archétypiques et à l’intérêt général donc plutôt mince.

    L’homme terminal est un thriller médical certes divertissant, mais hélas aussi sans surprises et qui a bien vieilli depuis.

    L’homme terminal - Michael Crichton - 1972

  • Et si nous mettions une tablette dans chaque cartable ?

    Combien vaut le « numérique » des familles ? A combien estimons nous cet apprentissage ? C’est peut-être la question la plus hot du moment, tant l’équipement coûte cher, tant les forfaits ne valent plus grand chose ...

    Le baromètre de l’économie numérique que l’université de Paris Dauphine vient de publier pour la septième fois estime à 43 millions le nombre de Français connectés ; dont 25 millions de « mobinautes ».

    Encouragés par cette croissance à deux chiffres, les commanditaires de l’étude se sont demandé s’il n’était pas pertinent de mettre une tablette dans chaque cartable à la place des nombreux manuels comme l'étudie la section éducation de  TEMATICE . (Un cartable pèse jusqu’à 8,5 kg en moyenne pour un collégien d’après le ministère de l’éducation). D’après l’étude, 2 Français sur 3 sont sensibles à l'argument de l’allègement, 1 sur deux pense aux interactions facilitées avec le professeurs, 4 sur 10 estiment qu’il y aurait là matière à apprentissage plus ludique… Sans compter ceux qui y voient également un moyen de se familiariser dès le plus jeune âge aux nouvelles technologies…


    Si vous remplacez "tablette" par "ordinateur", vous opérez un formidable voyage de 28 ans en arrière, aux glorieux temps du Plan Informatique pour Tous, que lança Laurent Fabius en 1985 : 200 000 élèves allaient bientôt être équipés, 1,8 milliards de Francs au bas mot seraient dépensés, les industries informatiques françaises qui tenaient alors la dragée haute aux Américains allaient battre leur plein. La suite a été très critiquée : la plupart des T07 sont restés planqués dans les armoires, car peu de professeurs savaient aligner des lignes de code.

     Les techniques sont plus fluides, et peut-être les moins de quarante ans n'ont pas eu vent de cet épisode marquant du numérique en France... En tous les cas, 8 Français sur 10 adhèrent franchement à l’idée de remplacer le cartable par une tablette. Et pour ce faire, les Français envisagent un prêt gratuit (pour 41%) par l'établissement scolaire ou une location à faible coût (38%). La prunelle de nos yeux mais pas les yeux de notre tête…


    L’étude ne dit pas si les Français sont d’accord pour voir augmenter d’autant le budget de l’Education Nationale, ou s'ils ne seraient pas choqués que notre actuel premier ministre alloue, comme le fit Laurent Fabius alors, une énorme enveloppe spéciale à l'éducation numérique de nos enfants. Mais tout inventaire bu et digéré, 3 0 ans après le Plan Informatique pour Tous osons le dire : investir dans l’éducation de nos enfants, et de cette manière, ça avait du chien.

    baromètre de l’économie numérique que l’université de Paris Dauphine n°19

  • Critique de La vie rêvée d’Ernesto G., de Jean-Michel Guenassia

    Le roman suit la vie de Joseph Kaplan, un médecin juif tchèque, et sa rencontre avec un révolutionnaire cubain nommé Ernesto G.

    Ainsi commence l’histoire de Joseph, né au début du XIXème siècle au cœur de l’Europe et que l’on quitte centenaire après plus de cinq cents pages captivantes retraçant sa vie de héros romantique. Car Joseph a tout du héros romantique, même s’il s’efface en cours de chemin selon les hasards de l’existence devant un autre homme, encore plus héroïque, encore plus romantique, mais faisant juste une apparition aussi fulgurante qu’éphémère. En cela le deuxième roman de Jean-Michel Guenassia a le souffle épique et superbe des grands romans historiques dans lesquels des personnages fictifs sont confrontés aux réalités d’une époque et d’un temps révolu, à ses figures emblématiques et à ses idéologies prégnantes. Il a également le piquant d’un authentique et délectable Bildungsroman.

    A la manière d'un Nomade stellaire , Joseph parcourt le siècle, de Prague à Paris en passant par Alger, secoué par les guerres, animé de la passion de son métier scientifique, nouant de profondes amitiés et des amours éclatantes. Personnage haut en couleur, il se distingue par une vie à la fois exemplaire et anonyme, banale et extraordinaire. Joseph pourrait être n’importe qui, tout en étant très particulier. Sa vie aurait pu être la vôtre, tout en étant foncièrement atypique. Un véritable héros vous dis-je, et ce n’est plus si commun en littérature aujourd’hui !

    La vie rêvée d’Ernesto G. est un pur bonheur de lecture. Une fois plongé dans ce roman au style discret mais élégant, vous entrez dans une autre dimension, un autre monde connu et inconnu, attachant, saisissant, foisonnant et positivement divertissant. Un grand coup de cœur !

    Même si  certains critiques notent que "La vie rêvée d'Ernesto G." n'est pas aussi bon que "Le Club des incorrigibles optimistes", le précédent roman de Guenassia. 

  • Avis sur Plan de table, de Maggie Shipstead (Belfond)

     

    La préparation d’un mariage : voilà un sujet léger et gai souvent traité notamment au cinéma – il existe même un film homonyme – et qui tourne souvent à la farce douce-amère, voire au cynisme cinglant.

    Ce livre, Plan de table,  n’échappe pas à la règle. Elle nous fait le récit des heures précédant la cérémonie qui doit unir Daphné Van Meter au père de l’enfant qui arrondit pleinement son ventre.

    Les parents de la mariée organisent les festivités sur une île de privilégiés dont la dénomination évoque un exotisme savamment burlesque – Wakeke – et qu’on situe quelque part entre le Cape Cod et la baie du Massachussetts. Ils y ont une demeure familiale acquise par le grand-père paternel avant que l’île ne devienne un refuge paradisiaque pour nantis. Les Van Meter sont donc aisés, certes, mais leur richesse n’est pas un héritage de classe sociale. Ils ne font pas vraiment partie de la « haute », même si le père meurt d’envie depuis ses années d’université d’intégrer les confréries ou les clubs privés les plus « select » et qu’il ne rechigne jamais à rabaisser les autres pour mieux se hisser au sommet de la pyramide sociale.

    La famille est donc réunie autour de Daphné et de ses demoiselles d’honneur ; la belle-famille – un beau parti que ce gendre aussi falot que mou ! – réside à l’hôtel non loin ainsi que tous les invités. Et les heures s’égrènent en répétition de cérémonie, achèvement fébrile des préparatifs, déjeuners et dîners festifs réunissant tous les protagonistes souvent imbibés d’alcool…

    Tout semble idyllique, sauf que… c’est sans compter sur la sœur cadette de Daphné en pleine dérive affective ; sur le frère du marié qui batifole de fleur en fleur semant la discorde au sein des demoiselles d’honneur ; sur la mère de la mariée qui avale les couleuvres une à une et semble sur le point d’exploser à tout instant ; sur une nymphomane frigide aguichante qui finit par irriter tout le monde ; et sur le père qui est prêt à sacrifier sa famille sur l’autel de la reconnaissance sociale qu’il a toujours ardemment souhaitée… Autant de mini-drames individuels, parfois profonds mais souvent grotesques, qui plombent l’ambiance et égratignent les coeurs…

    Le roman est souvent drôle et piquant, alternant la farce vaudevillesque et les moments de dépression existentielle de personnages hauts en couleur. Wakeke est aussi un personnage à part entière avec son particularisme insulaire qui vire au huis-clos étouffant, à la fois par son aspect encore sauvage mais aussi à travers la colonisation qui en a été faite par des grands bourgeois citadins qui s’opposent radicalement au mode de vie simple et naturel des habitants du cru.

    Un bon divertissement, léger mais grinçant…

     

  • lecture du roman : Le monde à l’endroit, de Ron Rash

    On retrouve cette année Ron Rash au Seuil pour un roman qu’il a écrit deux ans avant Serena, mon grand coup de cœur de l’année 2011.

    Nous sommes toujours en Caroline du Nord, au pied des Appalaches dont la ligne bleue domine le vaste horizon. Les habitants sont rudes, à l’image de ce territoire. Ils vivent de l’agriculture, de la pêche et se réconfortent dans les fêtes de village au son des folk songs ou de la country qui semblent avoir, au moins le temps d’une soirée, le pouvoir d’adoucir les mœurs.

    Travis est un jeune homme intelligent mais en totale rupture avec son père qui le dévalorise continuellement. Suite à une cuisante leçon qu’il se voit infliger par deux propriétaires terriens mal dégrossis alors qu’il vole leurs pieds de cannabis clandestins, Travis s’installe chez Leonard, un professeur déchu reconverti depuis son mobile home dans les trafics en tout genre. Ils cohabitent tous les deux avec Dena, une jeune femme faible et vulnérable, toxicomane et victime plus souvent qu’à son tour.

    Leonard, sous des aspects de brute épaisse qu’il entretient afin de continuer son commerce licencieux en toute sérénité, est un intellectuel, un homme cultivé et sensible qu’un incident de parcours dévastateur a bouté hors du droit chemin. Il remarque le potentiel de Travis et l’incite à poursuivre ses études. Ils s’entendent d’autant mieux qu’ils partagent tous les deux le même intérêt pour les cruelles histoires familiales et locales du temps de la Guerre de Sécession. Travis voit en Léonard le père qu’il aurait aimé avoir. Tout semble s’arranger pour lui.

    Le monde à l’endroit est avant tout une histoire de bons ou de mauvais choix plutôt qu’une histoire de bien et de mal, d’hommes bons et d’hommes mauvais. Les leçons de la vie s’apprennent au prix fort et même si la connaissance et le savoir sont des valeurs porteuses d’espoir, elles ne garantissent en aucun cas à elles seules une porte de sortie honorable. La, ou plutôt les, figures du père, sont malmenées. L’autorité abusive fait des dégâts irréversibles quant l’autorité naturelle peine à s’imposer. Mais la force non plus n’est pas synonyme de victoire…

    Ce roman n’est pas aussi abouti que Serena à mon sens, je pense notamment à l’imbrication de la Guerre de Sécession dans le récit qui ne m’a pas convaincue. Il porte pourtant en lui la puissance narrative de Ron Rash, ses paysages sublimes et ses personnages intenses, sa vision de l’homme tout en nuances mais sans concession. Et c’est déjà beaucoup…

    Note : 14/20

  • Le livre d'histoire : TU TE SOUVIENS DE 68 ?

    Quarante ans déjà ! Quarante ans que des revendications estudiantines à Nanterre pour visiter les filles dans leurs chambres furent le préludes à trois mois de contestation sur fond de barricades qui firent vaciller le pouvoir gaulliste.

    L'auteur de ces lignes avait à l'époque le même âge que Bernadette Costa-Prades, qui vient de publier ce livre d'histoire contemporaine :  TU TE SOUVIENS DE 68 ? ,  (au même titre qu'un Le Goffqui a publié  "Mai 68 : l’héritage impossible," et  "La France d’hier : Récit d’un monde adolescent, des années 1950 à Mai 68," ) mais il ne connut que l'ambiance étriquée d'un CES de province où la seule velléité de révolte fut de refuser de retourner en cours après la pause de midi, et ce, la veille de la fermeture de l'établissement pour cause de grève des professeurs.

      L'album présenté ici tranche sur beaucoup d'autres livres  témoignages sur ces "mois des enragés" car comportant un cahier photo impressionnant composé de clichés peu ou pas vus jusqu'à maintenant. Les souvenirs de quelques témoins, pas les mêmes non plus qu'à l'accoutumée, et aussi et surtout la suite de mai, c'est à dire les années ayant immédiatement suivi cette bombinette qui transforma tout de même la société, tout au moins en ce qui concerne la libération des moeurs.

    Que sont devenues les "vedettes" de 68 ?

    Députés ou sénateurs, bushistes et pro guerre en Irak pour certains. D'autres, s'ils ont perdu leurs illusions, ont conservé une part de leurs convictions. Pères mères et souvent grands-parents, retrouvez les adolescents et jeunes adultes qui crurent que des slogans (certains très inventifs, d'ailleurs) pouvaient changer le monde. Souvenirs, souvenirs !

      

     

    TU TE SOUVIENS DE 68 ? une histoire intime et affectueuse  de Bernadette Costa-Prades  Albin Michel  143 pages  19,90 €

     

     

  • Avis sur Le Vase d'or, d'E.T.A Hofmann

    Il s'agit d'un très beau conte, écrit en 1813, qui peut recevoir au moins deux lectures.

    D'abord, c'est une histoire fantastique pleine de rebondissements, bien écrite, au style vif, qui mélange intimement le réel (la Dresde du 19ème siècle) et la fable, dans l'esprit romantique un peu échevelé allemand. Novalis n'est pas loin…

    Mais c'est aussi le récit d'une quête initiatique de la "connaissance", de l' "Un", à travers une alternance d'épreuves bien réelles et de plongée dans le surréel et l'onirisme. Ce mélange permanent réel / surréel est magnifiquement conduit et ne se prend jamais trop au sérieux, en contraste avec le modèle avoué, La Flûte Enchantée de Mozart. Quelques indices :

    - Le héros (Anselme), gaffeur dégoûté d'une vie terrestre pleine d'échecs, en dépit de ses qualités profondes, aspire à la Connaissance (l'extase mystique) qu'il a un jour entrevue.
    - Un gourou (l'archiviste) va alors lui montrer les épreuves à surmonter (copie de grimoires insensés) et le guider.
    - Il lui montrera que le monde réel est comme un enfermement dans une fiole de cristal. Certains s'en contentent…Lui non.
    - Il l'aidera à comprendre la grande unité du "tout". La voie qu'il lui fera prendre, classique dans la philosophie orientale et peu ou prou dans toutes les mystiques, est celle de l'union des contraires - complémentaires, ici l'homme et la femme. Sa fille, le petit serpent vert, sera le pôle féminin dont Anselme tombe amoureux, prélude à l'union charnelle et mystique.
    - La scène finale de la 12ème veille n'est rien autre qu'un accouplement mystique, dans la ligne du bouddhisme tantrique ou du Cantique des Cantiques : "O mon bien aimé ! Le Lis a ouvert son calice…, le but suprême est atteint ; y a-t-il une félicité qui s'égale à la nôtre ? …". Rideau !

    Un livre plein de charme, un peu désuet, mais qui donne deux heures de belle lecture.

     

    Editions Aubier - bilingue - Domaine allemand

  • Avis sur The Annunciation of Francesca Dunn, de Janis Hallowell

    Francesca Dunn, qui lutte comme tout adolescent pour trouver sa place dans le monde, est vue par un sans-abri, Chester, qui a soudainement une vision d'elle comme la Sainte Vierge. Lorsqu'il la voit aider dans un café local, il s'agenouille devant elle. Chester, soit fou, soit visionnaire, répand la nouvelle de sa sainteté et des foules viennent lui offrir leur dévotion. La mère de Francesca, scientifique et incrédule, tente de la protéger de tout cela et de lui faire suivre une psychothérapie. D'autres personnes offrent leur aide à Francesca ou cherchent à profiter de sa célébrité. Francesca se laisse prendre au piège de la frénésie et commence à se demander si cette adoration lui était vraiment destinée.

    The Annunciation of Francesca Dunn a reçu des critiques majoritairement positives, BookPage.com déclarant : "Magnifiquement écrit et regorgeant de personnages forts et excentriques attrayants, cette version magique et moderne de l'histoire de l'Annonciation de la Vierge soulève des questions intrigantes sur la nature de la foi et de la religion contemporaines."

     

    The Annunciation of Francesca Dunn de Janis Hallowell