Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

blog littéraire - Page 6

  • LIRE BRET EASTON ELLIS

    Bret Easton Ellis : Voilà le genre d'auteur dont on peut dire, on aime ou on déteste.

    Des livres dans l’air du temps, alcool, drogue et violences gratuites, sexe et provocation : Tous les romans de Bret contiennent un nombre plus ou moins important de scènes choquantes de sexe ou de violence, des mises en scènes polémiques sur la vie d'une certaine jeunesse bourgeoise dorée, une vie faite de néant, néant des sentiments, néant des préoccupations, néant de l'espace et du temps, néant d'une société de consommation qui dévore ses enfants et qui trouvera dans la violence, le sexe et la drogue les moyens compensatoires d'exister; tout simplement.

    Un chose reste sûre : Bret Easton Ellis a une vraie écriture et ses textes ne peuvent laisser indifférents..

  • Chronique de Nid de guêpes, Bart Moeyaert

    Nid de guêpes, Bart Moeyaert, Éditions du Rouergue

    nid.JPGDans le milieu clos d’un village sans nom, sourd de vieilles rancoeurs. On s’y épie, on colporte, on se méfie.

    C’est là que Suzanne, quatorze ans, a passé sa vie. C’est lété et l’atmosphère est étouffante, malgré la fête qui s’annonce. Le chapiteau est monté.

    Suzanne a perdu son père, il y a sept ans de cela et la mère vient de trahir Hélène, sa meilleure amie. Tout le village est ligué contre le chenil tenu par Rudi, le mari d’Hélène. Et la mère de Suzanne vient de signer la pétition pour, finalement, faire “comme tout le monde”.

    La rencontre de Suzanne avec Loup, un jeune marionnettiste, va lui donner le courage de taper dans le “nid de guêpes”. Au beau milieu des festivités, elle libère les chiens. Rudi part à leur recherche. La bagarre qui s’ensuit aura pour conséquence la réconciliation de la mère et de la fille.

    Une exigence d’écriture admirable. L’art du non-dit en donne toute la subtilité. Le balancement entre le passé, celui de l’enfance heureuse et le présent, englué dans l'ennui et la colère, est mené avec une souplesse, sans artifice aucun.

    C’est grand et beau récit à l’écriture précise, concise et exigeante.

     

     

  • Nouvelles : COURT, NOIR, SANS SUCRE – EMMANUELLE URIEN

    court.JPGDès le titre, Emmanuel Urien prend le pli de brouiller les pistes. Alors que l’on s’attend à des textes tournant autour du fameux breuvage caféiné, le lecteur découvre des nouvelles plutôt sombres et livrées en vrac, sans édulcorant pour les adoucir.

    Et l’ensemble de ce recueil est dans cette veine. L’auteure présente rarement les choses de façon directe, préférant la suggestion, et laissant au lecteur le soin d’imaginer l’horreur qui se cache sous les gestes quotidiens. Ainsi, si j’avais deviné juste au sujet du Jardin secret, les nouvelles intitulées Assistance technique et Femme d’intérieur m’ont étonnée et presque choquée.

    Car la violence est quasiment permanente dans ce recueil mais distillée en si petites touches qu’elle en devient presque invisible. Tout comme ces personnes oubliées et abandonnées qui disparaissent sans que personne ne s’en rende compte.

    Ouvrir Court, noir, sans sucre, c’est accepter d’entrer dans le monde que l’auteure a créé pour nous, d’entrer dans son jeu, elle qui aime manifestement manier les mots et les expressions, dont elle détourne le sens pour nous faire réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons.

    Une lecture vraiment agréable grâce à des histoires variées et étonnantes et une auteure qui renouvelle le genre de façon intéressante. A découvrir.

  • Roman : Sisters de Stéphane DENIS

    sisters.JPG J'ai acheté ce livre, en format poche, il y a quelques mois, car une des librairies de Tahiti faisait des soldes. Je ne connaissais pas l'auteur, journaliste de son état, et n'avais absolument jamais entendu parler de ce roman, pourtant couronné par le prix Interallié. Attirée, je l'ai lu assez rapidement, environ deux mois après l'achat, ce qui est très rare pour moi! Et on peut dire que j'ai fait bonne pioche.

    La narratrice est une vieille femme; nous sommes à la fin des années 90 et elle raconte sa vie, plus exactement ses relations avec sa soeur aînée, à un journaliste venu l'interviewer. On comprend que sa vie défile au fur et à mesure qu'elle lui montre des photos personnelles. Et on comprend surtout, avec un intérêt grandissant, que cette femme se nomme Lee Radziwill et qu'elle est la soeur cadette de Jackie Kennedy...Elle dévoile tout : la rivalité permanente entre les deux soeurs, l'aînée prenant toujours le dessus. Celle-ci était la préférée de leur père et en grandissant, fut aussi la préférée des hommes; d'ailleurs elle ne se serait pas gênée pour s'en octroyer certains alors que Lee (qui n'est jamais nommée clairement, ni Jackie d'ailleurs) les convoitaient. Malgré sa vie bien remplie et hors du commun, elle n'était pas grand chose face à cette soeur amie-ennemie qui alla jusqu'à devenir première femme des Etats-Unis.         

    Stéphane Denis, visiblement passionné d'histoire au vu de ses autres écrits, a ici habilement mêlé faits historiques et psychologie. Je me suis laissée happer par ces sentiments oscillant entre amour et haine, admiration et ressentiment, tout au long d'une vie. J'ai pu me mettre à la place de la narratrice qui, on peut le dire, n'a pas eu de chance d'avoir une telle soeur: quel fardeau! Comment ne pas se sentir nulle et ne pas se dévaloriser face à un tel personnage ? Le côté historique auquel je ne m'attendais pas (car je n'avais pas lu la quatrième de couverture) m'a passionnée également mais pour ceux qui n'aiment pas l'histoire, il est tout à fait possible d'adhérer à ce "roman-réalité". source : les lubies de ludi

  • Roman : Villa Amalia de Pascal Quignard

    amilia.JPGJe n'avais rien lu de Pascal Quignard, prix Goncourt 1992 pour Les Ombres errantes. Villa Amalia me permettra de combler cette lacune.

    C'est assez rare de trouver autant de points de convergences entre l'écriture, l'héroïne et la trame du roman. Tout est ici réuni dans une parfaite harmonie, organisée autour de l'épure, la simplicité poussée jusqu'à l'ascèse.

    Ann, l'héroïne, est pianiste et compositeur. Elle s'inpire de pièces anciennes, les relit et les réécrit en les épurant jusqu'à l'ultime ligne mélodique. Nageuse émérite, elle aligne les longueurs, affinant également sa silhouette sèche et nerveuse.

    Découvrant l'infidélité de son compagnon et " malheureuse à désirer mourir", elle organisera sa disparition de son entourage habituel. Tout doit être liquidé, sa vie, ses biens, ses vêtements, tout. Au hasard de rencontres et retrouvailles, elle tentera de se forger une nouvelle existence.

    L'écriture de Pascal Quignard accompagne à merveille ce récit d'une femme qui ne souhaite plus que le vide. Elle est sèche, précise, sans fioriture ni enjolivement d'aucune sorte. Mais c'est justement cette concision qui la rend si prenante. On suit l'errance d'Ann, ses tentatives pour renaître, on l'accompagne jusqu'à l'apaisement final. Du bel art.

  • A la croisée des mondes de Le miroir d’ambre – Philip PULLMANN

    mondes.JPGJ'ai autant aimé que les deux premiers livre mais un peu moins la fin. Bon je trouve plutôt que certains éléments de la fin sont moins nécessaires. Mais quelle imagination, quel talent pour nous faire entrer dans ces mondes tellement différents.

    Lyra est retenue prisonnière par sa mère, l'ambitieuse et cruelle Mme Coulter qui, pour mieux s'assurer de sa docilité, l'a plongée dans un sommeil artificiel. Will, le compagnon de Lyra, armé du poignard subtil, s'est lancé à sa recherche, escorté de deux anges, Balthamos et Baruch. Avec leur aide, il parviendra à délivrer son amie. Mais à son réveil, Lyra lui annonce qu'une mission encore plus périlleuse, presque désespérée, les attend: ils doivent descendre dans le monde des morts...

    Ce qui m'a tellement impressionnée dans cette série, c'est de sentir et de voir tous ces anges, ces ours en armure, ces deamons, ces éléphants sur roues, etc. et de les sentir tellement réels. J'ai lu dans ce livre des choses qui n'existent pas mais jamais mon esprit a dit "ben là tu charris". Non il a enregistré et tout coulait de source comme si ma vie de tous les jours voyait ce que lui nous décrivait.

    C'est vraiment une bonne série.

    A la croisée des mondes de Le miroir d’ambre – Philip PULLMANN, folio, les lubies de ludi

     

     

  • Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche

    piscine.JPGJe peux dire que ce livre aura sans doute changé ma vie mais que je n'ai pas aimé le lire. Il a crevé ma bulle de naïveté juste un peu plus. C'est pas beau la guere, c'est sale. C'est presque pas croyable. Pourtant, il y a cette soif de sang qui pousse à lire jusqu'à la fin...

    Vu le temps que ça me prend pour lire un livre, ça fait trois semaines que je suis dans la guerre et les horreurs. Je suis pas le genre à suivre la politique internationale à la télé parce que je déteste ces flash de morts et le sensationalisme des nouvelles. Ce livre est venu "déranger" mon décor d'images et ternir un peu plus le monde qui nous entoure.

    J'ai été choquée de voir les ravages du sida dans ce pays. Le je m'en foutisme général au sujet de la maladie, l'insouciance des rapports sexuels, les enfants naissant avec le sida. Les viols... Y a-t-il une Rwandaise qui a été violée moins que dix fois dans sa vie ?

    Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche folio 2001

     

  • Roman : Inversion de Brian Evenson

    brian.JPGJ'ai repéré ce roman un peu tardivement pour qu'il puisse prétendre (sous mon influence sournoise auprès de mes camarades) à une place dans notre top 5 des meilleurs romans de l'année. Je m'en mords les doigts.
    Brian Evenson qui est un jeune auteur américain (41 ans), de religion mormone (il s'est fait exclure de sa communauté dès qu'il est "entré en littérature") nous livre avec Inversion un roman remarquable et glaçant de talent. L'auteur qui compte plusieurs romans à son actif n'a bénéficié que d'une traduction en 2006, chez LOT49 la collection de Claro (dont il assure, une fois n'est pas coutume, les traductions en anglais), pour un ouvrage (pas lu) regroupant des nouvelles et baptisé Contagion. En attendant de pouvoir en lire plus, Inversion suffit à notre bonheur.

    L'histoire démarre sur un schéma de connaissance dans l'Amérique des classes moyennes. Le jeune Rudd, adolescent timide de 19 ans, complexé et cancre (sauf en anglais), vit avec sa mère, après la mort violente de son père (suicide ?), dans le culte mormon. L'ambiance est stricte et pas folichonne. Rudd est plutôt solitaire, n'aime pas sa mère, mais ni plus ni moins que les enfants de cet âge. En farfouillant à la cave, il découvre dans les papiers de son père un courrier qui lui révèle l'existence possible d'un demi-frère, nommé Lael, qui habiterait, avec sa mère, à portée de scooter. Rudd part à la recherche de Lael, le retrouve et en fait son ami fidèle, celui notamment auquel il demande de l'aider pour un exposé scolaire sur son "héros mormon historique"